Porter, c’est plus que tenir : c’est relier

Publié le 12 juin 2025 à 07:35

🌿 Porter, c’est plus que tenir : c’est relier

Temps de lecture : 5-7 minutes

Quand le portage raconte notre façon d’être au monde

On parle souvent du portage comme d’un geste pratique : libérer les mains, calmer un bébé, faciliter les déplacements. Mais derrière ce mot se cache un monde. Une manière de relier, d’accueillir, de sécuriser… et parfois même de réparer. Dans cet article, on ouvre grand le champ du portage — pour parler de lien, de charge mentale, de besoin de réciprocité. Pour comprendre que porter, ce n’est pas qu’un acte physique, c’est une posture intérieure.

Porter… ou être porté

Le portage, au sens large, concerne tous les humains.
L’enfant a besoin d’être porté pour survivre. C’est une évidence biologique. Mais ce besoin ne s’arrête pas à la naissance. Il évolue, il se transforme : on passe des bras à la parole, de la proximité physique à la sécurité intérieure. Et toi, adulte… quand est-ce que tu as été porté pour la dernière fois ?
Par un regard bienveillant ? Un collègue qui comprend sans juger ? Une institution qui tient ses promesses ? Dans nos métiers de la relation, on donne beaucoup. Et on oublie parfois qu’on a nous aussi besoin d’un espace pour déposer, souffler, être soutenu. Le portage est alors une dynamique bilatérale : on ne peut porter que si l’on est porté à notre tour.

Les besoins fondamentaux de l’enfant… et ce qu’on oublie parfois

💡 « Il a juste besoin d’être dans les bras. »

Cette phrase, on l’entend souvent. Mais elle est souvent minimisée. Pourtant, ce besoin est fondamental : être en contact avec un adulte sécurisant stimule la production d’ocytocine (hormone de l’attachement), régule la température, calme le rythme cardiaque et favorise la maturation cérébrale.

Le cerveau de l’enfant est immature à la naissance. Il se structure lentement, à travers les expériences sensorielles, affectives et motrices. Le portage crée un cocon sensoriel : chaleur, odeur, battement du cœur… Tout ce qui rassure.

Mais il y a aussi les enfants qu’on ne porte “plus”. Ceux qui marchent, qui parlent, qui semblent “autonomes”… Et pourtant.
Ils ont encore besoin d’un portage symbolique : une présence, une stabilité, un cadre rassurant.

🌟 À retenir

Porter, c’est un art du lien.
Ce n’est pas ce qu’on fait de nos bras, c’est ce qu’on tisse avec notre cœur.

 

📌 Mots-clés : portage, lien parent-enfant, développement de l’enfant, besoins affectifs, éducateurs petite enfance, éducation bienveillante.


    Anecdotes du quotidien : quand le portage déborde

    Un jour, une professionnelle me dit en riant :

    "Aujourd’hui, j’ai porté 3 enfants, 2 sacs de linge, et les émotions de toute une équipe."

    Et c’est vrai : porter, c’est aussi invisible.
    On porte les rythmes, les rendez-vous, les urgences.
    On porte les attentes des familles, les besoins des enfants, les consignes institutionnelles.

    Et parfois, on se perd là-dedans.

    Ce que propose educ2mains 🌱

    Chez educ2mains, on ne donne pas de recettes parfaites.
    Mais on propose des espaces. Pour réfléchir. Pour se tromper. Pour réessayer.

    💬 « Parce qu’on peut être éducateur-trice, parent, professionnel-le… et parfois fatigué-e, débordé-e, maladroit-e… et quand même profondément engagé-e. »

    Educ2mains, c’est l’endroit où on peut déposer tout ça.
    Et redonner du sens à notre façon de porter les enfants… et nous-mêmes.

    Alors, comment retrouver du sens dans ce geste ?

    1. Se recentrer sur l’intention
      Porter n’est pas une performance. Ce n’est pas réussir à “tenir le coup”. C’est offrir un espace sécurisant. Même pour quelques minutes. Même imparfaitement.
    2. Accepter de poser
      Parfois, poser un enfant, c’est aussi le respecter. Lui permettre d’explorer. De se découvrir hors du lien physique. Le portage, ce n’est pas l’attachement fusionnel : c’est le tremplin.
    3. Créer du relais
      Être une équipe, c’est se relayer. Se confier. Se reposer.
      Porter ensemble, c’est possible. Et c’est plus juste.

    📝 Pour aller plus loin :

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